Cœur de pasteur

Après avoir mangé, Jésus dit à Pierre : «  Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Drôle de question n’est-ce pas lors de cette première rencontre depuis le reniement de Pierre et la crucifixion de Jésus.

Au moment où ce dialogue prend place, c’est la première fois que Jésus et Pierre se revoient. On peut facilement s’imaginer comment pouvait se sentir Pierre. La culpabilité et la honte surtout. Lui qui, bravement, avait dit que jamais il ne le renierait.

« Pierre, prenant la parole, lui dit : quand tu serais pour tous une occasion de chute, tu ne le seras jamais pour moi. Jésus lui dit: je te le dis en vérité, cette nuit même, avant que le coq chante, tu me renieras trois fois. Mat 26:33-34

Cependant, ils sont là tous les deux, face à face. Dans cette rencontre, un dialogue intime prend place et voilà que Jésus lui pose la question cruciale : «  Pierre, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Comme si Jésus voulait s’assurer des sentiments de Pierre à son égard. À la lecture de ce texte, il me semble que les rôles auraient dû être inversés. C’est Pierre qui aurait dû demander à Jésus : « Seigneur m’aimes-tu encore ? » Pourquoi en est-il ainsi ? Parce que Jésus voulait confronter Pierre à lui-même, à la justesse et à la force de ses sentiments et de son attachement. Jésus connaissait l’état d’âme de Pierre et savait très bien comment il pouvait se sentir : disqualifié, embarrassé, confus, anxieux sûrement à la pensée du rejet. À 3 reprises, Jésus pose la question et à 3 reprises Pierre l’assure de son amour. À chacune des réponses de l’apôtre, Jésus lui demande de paitre et de prendre soin de ses brebis.

Cette courte interaction entre Jésus et Pierre nous démontre encore une fois le cœur de Jésus. Bien sûr, son intérêt premier n’était pas d’être affectivement rassuré par Pierre, mais de s’assurer d’une part que ce dernier poursuive sa mission, malgré son erreur et les sentiments qui l’animent. Et d’autres parts que ses brebis ne soient pas négligées ni abandonnées.

Au moment où j’écris ces lignes, je suis à Abidjan, en Côte d’Ivoire. J’y serai pour 2 semaines pour des conférences diverses, mais aussi pour des formations. Dans tous mes voyages, que ce soit en Afrique, en Europe ou ailleurs, j’assiste à chaque fois au même phénomène. L’Église est prompte et assidue pour sauver des âmes, mais faillit à la tâche de prendre soin des personnes.

Pouvons-nous imaginer la scène d’une mère qui, après l’accouchement, délaisse son enfant en disant que sa tâche est maintenant terminée. Notre réaction serait forte et on jugera l’incompétence et l’inconscience d’une telle mère. Cet enfant qui vient de naître a tout à apprendre et malgré le miracle de la vie, cet enfant demeure une œuvre inachevée. Tout est à faire. Il doit apprendre à marcher, parler et à se développer dans tous les aspects de la vie. Et encore, nous devons prendre soin de lui jusqu’à ce qu’il soit capable d’assurer ces propres besoins.

Il en est de même sur le plan spirituel. Les gens se convertissent (naissent de nouveau) et que faisant nous d’eux après coup. Qui prend soin d’eux et qui les aident à guérir et à grandir. La réponse? Le pasteur. Tel un berger des temps anciens, il doit prendre soin des brebis, les soigner, les aider à croître et à acquérir de la maturité et cela, par amour pour Jésus. « Pierre, si tu m’aimes vraiment comme tu le dis, tu vas me le démontrer tangiblement en aimant et en prenant soin de ceux pour qui j’ai donné ma vie ».

« Il y a beaucoup d’évangélistes et de prédicateurs, beaucoup de visionnaires et d’entrepreneurs dans le royaume de Dieu, mais peu de pasteurs! »

Que faisons-nous des gens qui arrivent à l’église blessés, éclopés par la vie? Que faisons-nous de toutes ses vies qui sont à reconstruire et à restaurer? Que faisons-nous des mariages malheureux et mal en point? Que proposons-nous à tous ces gens qui assistent, dimanche après dimanche, à des sermons inspirants et motivants il est vrai, mais qui ne changent en rien leur condition. Ils repartent encouragés, mais encore avec leurs problèmes et leurs malheurs. Bien souvent, on les blâme de leur condition comme s’ils en étaient toujours responsables. Le prophète Ézéchiel (Éz. 34 :5) décrit très bien ce qui arrive aux brebis lorsque les bergers ne prennent pas soin d’elles :

« Vous avez mangé la graisse, vous vous êtes vêtus avec la laine, vous avez tué ce qui était gras, vous n’avez point fait paître les brebis. Vous n’avez pas fortifié celles qui étaient faibles, guéri celle qui était malade, pansé celle qui était blessée; vous n’avez pas ramené celle qui s’égarait, cherché celle qui était perdue; mais vous les avez dominées avec violence et avec dureté. Elles se sont dispersées, parce qu’elles n’avaient point de pasteur; elles sont devenues la proie de toutes les bêtes des champs, elles se sont dispersées. »

L’Église actuelle doit redécouvrir sa fonction pastorale pour répondre aux défis de la présente génération. Chaque croyant doit développer son cœur de pasteur afin d’aider cette humanité en détresse. C’est à chacun de nous de nous poser la question : est-ce que je peux aimer Jésus sans prendre soin de ses brebis? La réponse à cette question pourrait changer des vies.

6 réponses
  1. Delmache
    Delmache dit :

    Je suis entièrement d accord avec vous ;nos assemblées sont remplies de personnes qui ne sont pas restaurées ; on parle beaucoup du salut de l âme mais on le limite au pardon et la guérison de cette dernière est laissée de côté.
    Mais je me suis aussi aperçue que beaucoup de ceux qui sont à la tête d une assemblée ne sont pas non plus guéris ;avant de donner cette mission à Pierre Jésus l a d abord restauré et c est essentiel pour être un instrument de restauration!
    Moi même j ai rencontré beaucoup d incomprehension lorsque le Seigneur a commencé son oeuvre de restauration en moi car celà est complètement mis de côté dans certaines assemblées! Heureusement lorsque l on veut vraiment être guéri , le Seigneur le fait et j aspire à ce qu Il m utilise pour la restauration des autres!

  2. gedeon
    gedeon dit :

    Merci pour le partage de cet etat de fait dans nos Eglises.
    Puissions-nous retablir, nous affermir par la grace de Dieu; et une fois affermis affermir les autres.

  3. Gilles Adams
    Gilles Adams dit :

    Encore une fois dans le mille. Juste vous laisser savoir à quel point ce message touche un point à travailler dans nos églises (beaucoup de visionnaires et j’ajouterais théologiens) surtout dans mon coeur. Je prie pour devenir l’un de ces pasteurs dont l’église a désespérément besoin. Continuons de travailler à renouveler notre intelligence par la grâce de Dieu. Et pensez à nous au Québec d’Abidjan.

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