Le BONHEUR est-il POSSIBLE ?
Il est fascinant de découvrir que l’une des premières grandes « conférences » que Jésus aie donnée publiquement portait en grande partie sur le bonheur. En effet, dans le célèbre sermon sur la montagne, Jésus aborde la question du bonheur dans le segment communément appelé « les béatitudes ». Neuf fois, en quelques versets, il répète le même mot : Heureux !
Jésus s’intéresse donc à la question du bonheur. Bien plus, il s’intéresse à la condition et aux besoins des gens dans un contexte historique et sociologique où la notion de bonheur ne semble pas une préoccupation comme elle l’est dans nos temps modernes. Il semble qu’il ait été près de deux mille ans en avance sur son temps et précurseur de la psychologie moderne dans sa compréhension des besoins humains. Il savait que les plus grandes préoccupations humaines ne concernent pas uniquement les besoins primaires de nourriture, de logement et de maintien de la vie mais aussi et surtout, la qualité de la vie intérieure, émotionnelle, psychologique et spirituelle.
« Tous les hommes recherchent d’être heureux. Cela est sans exception, quelques différents moyens qu’ils y emploient. Ils tendent tous à ce but! » Blaise Pascal
Voici le bonheur que Jésus propose :
1. Un bonheur pour tous !
« … Jésus parcourait toute la Galilée, enseignant dans les synagogues, prêchant la bonne nouvelle du royaume [ ] Sa renommée se répandit dans toute la Syrie [ ] Une grande foule le suivit, de la Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de la Judée, et d’au delà du Jourdain. [ ] Voyant la foule, Jésus monta sur la montagne, il s’assit et ses disciples s’approchèrent de lui. Puis, il ouvrit la bouche et se mit à les enseigner et dit : Heureux… » (Matthieu 4.23-25 ; 5.1-3)
Il est fascinant de voir comment les foules suivaient Jésus. Elles semblaient attirées et attisées par ses miracles et ses actions tout autant que par sa prédication. Elles se déplaçaient avec lui et, à ce moment et à cet endroit précis, Jésus voit cette foule et décide de faire une « pause enseignement ». La question se pose : Qu’est-ce que Jésus voit dans cette foule ? Une foule de besoins ou une foule en besoin. Le choix du thème des béatitudes nous dit qu’il a vu leur malheur, leur mal d’être. Une multitude de gens très différents et pourtant, comme une seule et même personne, frêle et vulnérable. Tous et chacun avec un même besoin commun et partagé que l’on appelle, en jargon moderne, un besoin universel. Une nécessité qui en apparence semble particulièrement personnelle mais qui est en fait le propre de tous les êtres humains, peu importe leur origine, leur culture, leur condition sociale et religieuse ou même encore leur époque. Jésus a senti l’immense vide de leur cœur. Jésus connaissait la réponse. Voilà pourquoi, il s’arrête pour leur parler et leur montrer son chemin du bonheur.
2. Un bonheur pour moi !
« Heureux celui qui trouve son refuge en lui. » (Psaume 2.12)
Bien que ce bonheur que Jésus propose s’offre à tous, il revêt tout de même un caractère très personnel. Le bonheur tout comme le malheur n’est pas le même pour tous. Voilà pourquoi, à chacune des béatitudes, il suggère des solutions et des alternatives face aux problèmes et aux défis qui se présentent à chacun de nous. Jésus s’intéresse donc à notre condition et à notre bien-être personnel. Lorsque sur cette colline, il s’arrête spécialement pour tous ces gens, il ne fait pas que déclamer un texte abstrait et déconnecté de leur réalité. Il adresse leur condition réelle. Pour être heureux, certains doivent mettre de côté un orgueil démesuré et apprendre à devenir pauvre et humble de cœur (Heureux les pauvres en esprit…). D’autres doivent apprendre à améliorer leurs relations et à mieux transiger avec les conflits (Heureux ceux qui procurent la paix…). Les uns, malgré leur malheur et leur douleur, peuvent découvrir la douceur et l’apaisement qu’offre la consolation (Heureux ceux qui souffrent…). Ceux qui sont aux prises avec le désabusement et le vide de leur existence peuvent découvrir l’exaltation provenant de la découverte d’un sens nouveau à leur vie (Heureux ceux qui ont faim et soif de justice…). Dans les diverses béatitudes, Jésus aborde donc les situations spécifiques qui caractérisent nos vies. Il s’intéresse à la condition de tous et chacun. Le bonheur devient ainsi fortement personnalisé et accessible à celui qui se confie en Lui.
3. Un bonheur pour de vrai !
Le mot heureux que l’on retrouve au début de chacune des béatitudes est traduit avec justesse dans la plupart des versions anglaises par le mot blessed : béni ! Ce terme rejoint davantage le sens rendu par le terme grec makarios, utilisé dans le Nouveau Testament. L’adjectif makarios a des origines très intéressantes. Il provient de makar, un mot servant à décrire ce qui appartient aux dieux par opposition aux mortels. C’est une qualité divine marquant le fait que les dieux sont bénis. Dans la pensée grecque, les dieux ne sont pas astreints à la condition des mortels qui sont inférieurs et soumis à la pauvreté ou la mort. Leur condition de dieux fait d’eux des êtres bénis.
Makarios est donc un mot utilisé dans le langage populaire pour décrire la condition de quelqu’un qui est « béni de Dieu ». En reprenant ce terme, les écrivains du Nouveau Testament savaient que les gens associeraient les béatitudes à quelque chose d’hors de l’ordinaire et qui ne peut être obtenu que par Dieu. Dieu en est lui-même le seul bienfaiteur. Il est celui qui bénit et donne le bonheur. Un bonheur provenant, non de bénédictions extérieures ou du hasard ou de la bonne fortune, mais généré de l’intérieur. La qualité de la condition intérieure des hommes est ainsi déterminée par la présence et l’action d’un Dieu vivant en eux, qui réaménage leur vie intérieure en les rendant « bien et heureux ». Une joie pleine de sérénité, immuable, indépendante des variations extérieures. Ce courant bienfaisant, vivifiant qui stimule et anime notre âme et grise notre cœur. Un sentiment de plénitude et de complétude qui réunit notre âme à sa source originelle, Dieu lui-même. Les béatitudes sont donc le bonheur de Dieu, à la manière de Dieu.
4. Un bonheur pour maintenant !
Le bonheur qu’apporte Jésus n’est pas une chimère, ni une illusion. Jésus savait qu’en venant sur terre, il pénétrerait dans un univers marqué par l’hostilité et la suspicion et aussi par la souffrance, le désespoir, la révolte et les tourments les plus horribles. Il était conscient qu’il rencontrerait les hommes dans leur condition réelle et souvent dans le pire que ces conditions peuvent engendrer. Il quittait temporairement l’éternité pour les rencontrer dans l’ici et le maintenant de leur vie. Sa venue était la démonstration évidente que Dieu « souffrait » de voir les hommes ainsi malheureux. Par conséquent, il n’est pas venu les mains vides. Ce n’était pas une visite exploratoire et touristique mais salvatrice et rédemptrice. Il venait donner sa vie pour que les hommes aient la vie. Et ce n’est pas tout. Il apportait aussi autre chose de précieux, la bénédiction du ciel : les béatitudes. Dieu descendait vers les hommes pour les bénir. Voyant leur état, Dieu savait qu’il devait y apporter quelque chose provenant d’en haut. C’était bien évident que les hommes seuls ne parvenaient pas et ne parviendraient pas à trouver le vrai bonheur malgré leur quête intentionnée et incessante. Jésus ne parle donc pas d’un bonheur dans l’au-delà, d’une espérance lointaine mais davantage d’un bonheur qui est accessible dès à présent.
5. Un bonheur pour toujours !
« Heureux serez-vous, lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera et qu’on dira faussement de vous toute sorte de mal, à cause de moi. Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse, parce que votre récompense sera grande dans les cieux… » (Matthieu 5 :11,12)
Lorsque Jésus s’adressa à cette foule ce jour-là, il ne leur proposa pas un bonheur éphémère et passager. Il savait que le bonheur ici-bas n’est qu’un pâle reflet de la félicité éternelle. Depuis ce temps, le christianisme propage cette notion d’un bonheur qui ne s’arrêtera jamais pour ceux qui mettent leur foi et leur espérance en Lui. Ce bonheur perpétuel ne consiste donc pas, encore une fois, en une proposition soporifique pour engourdir les gens dans leur malheur et leur désespoir d’ici-bas. Il ne constitue pas un bonheur de remplacement pour suppléer à celui que nous n’avons pu avoir dans cette vie. Il représente davantage l’aboutissement d’un chemin, la destination finale d’un pèlerinage sur terre où trop souvent la souffrance et les déceptions, les difficultés et les déboires jalonnent le parcours. Il existe une conclusion suprême à cette vie ici-bas où les croyants trouvent un repos et une félicitée infinis et celle-ci est dans leur rencontre avec leur Dieu.
(Tiré du livre “Marcher sur le chemin du bonheur” de Denis Morissette. Pour vous procurer ce livre, cliquer sur le lien suivant : https://denismorissette.com/sample-product/marcher-sur-le-chemin-du-bonheur/)
Merci beaucoup Denis. Je suis impressionnée par tes textes. J’apprends une nouvelle façon de comprendre l’évangile.