Pourquoi devrais-je lui pardonner ?

C’est moi la victime et c’est moi qui ai souffert. Je n’étais responsable de rien dans tout ce qui est arrivé. Je ressors de cette situation blessé, humilié et c’est moi qui devrais pardonner comme si de rien n’était ?

Il n’est jamais facile de pardonner. La plupart des gens blessés résistent à cette idée. Ils voient la perspective de pardonner comme une peine ou une sentence qui leur semble imposée et ne réalisent pas qu’ils en seraient les premiers bénéficiaires. Bien sûr, ils doivent identifier les obstacles qui les empêchent de pardonner et ce qu’est le pardon et ce qu’il n’est pas. Plus que tout, notre résistance au pardon provient de la peur et de l’incompréhension. Prenons quelques instants pour mieux le comprendre :

1- Le pardon est un affranchissement

L’affranchissement dans sa définition la plus simple est l’action de libérer un esclave. Pardonner constitue une façon de s’affranchir du passé. C’est aussi une façon de se dégager des gens et des gestes qu’ils ont posés à notre égard. C’est aussi se libérer des souvenirs douloureux associés à l’événement.

Je me souviendrai toujours de cet article de journal intitulé : « Retour triomphal à l’hôpital ! » et qui racontait l’histoire de cette dame qui est retournée comme administratrice en chef dans un hôpital psychiatrique, 37 ans après y avoir été admise comme patiente sur une erreur de diagnostic. Celle-ci de dire avec une douce assurance :

« J’ai appris à pardonner. Le pardon constitue une façon de s’affranchir d’un passé médiocre pour préparer un avenir positif ! »

Nelson Mandela a passé 27 années dans les prisons sud-africaines. Il a été humilié, affamé. Il a ployé sous les lourds travaux. Il finit par être libéré en 1990. Il raconte : « Lorsque j’ai marché hors de la prison et que je me suis rapproché de la porte qui devait me mener vers la liberté, j’ai compris que si je ne laissais pas là mon amertume et mon ressentiment je demeurerais à jamais en prison. »

Rappelez-vous, nous sommes les premiers à tirer profit du pardon. Refuser de pardonner, c’est souvent rester prisonnier de ce passé douloureux. La victime des autres devient bourreau d’elle-même.

 « On n’est jamais mieux asservi que par soi-même ». Gilbert Cesbron

2- Le pardon est aussi un besoin humain.

Ce sont les humains qui ont besoin de pardonner et d’être pardonner. Parce que ce sont les humains qui sont les instigateurs des drames. Nous avons tous besoin de pardonner parce que tous nous avons été blessés affectés par quelqu’un dans la vie. Un jour, le drame arrive. Notre épouse ou notre mari nous quitte. Un enfant nous déçoit amèrement. Un ami nous trahit. Une personne nous abuse terriblement. Les spécialistes qui se penchent sur les situations de crise et les tragédies de la vie, pour mieux en comprendre les mécanismes, vous diront que les blessures les plus douloureuses sont celles causées par les êtres humains à d’autres êtres humains. Les tragédies relationnelles laissent des traces plus profondes que n’importe quelles autres.

Vous serez d’accord qu’il y a une différence entre le fait que votre maison passe au feu parce qu’un éclair l’a frappé et le fait que votre voisin y ait mis le feu par vengeance ou jalousie. Il est facile, pour vous comme pour moi, d’imaginer notre réaction face à ce genre de geste. La colère, la révolte et le désir de vengeance nous submergeraient. Nous réclamerions justice ! Nous demanderions des comptes et nous voudrions, assurément, régler des comptes. On ne pardonne pas à la nature. Le pardon est une affaire entre humains.

“Le pardon est la clé qui ouvre la porte du ressentiment et enlève les menottes de la haine. C’est un pouvoir qui brise les chaînes de l’amertume et les fers de l’égoïsme ». Corrie Ten Boon

N’oublions pas que le pardon est un don. C’est un don que l’on se fait à soi autant qu’aux autres. Nous avons besoin de pardonner et d’autres ont réellement besoin d’être pardonnés. C’est un don que l’on offre, mais aussi que l’on reçoit. Il libère celui qui donne et libère celui qui l’accepte afin qu’à son tour, il puisse se pardonner.

3- Le pardon est un choix personnel.

On ne peut imposer le pardon à quelqu’un. On ne peut pas condamner une victime parce qu’elle ne pardonne pas à son agresseur ou à son abuseur. On ne peut forcer quelqu’un à pardonner par manipulation ou par coercition. Le pardon demeure un choix que toute personne doit décider d’elle-même. C’est un choix librement posé.

« D’une certaine façon, pardonner est un geste de courage. Pardonner est pour les gens désireux de confronter leur douleur, d’accepter de changer et d’assumer ce difficile choix. »

Oui, pardonner est un choix difficile, couteux même. Rappelez-vous les paroles de Jésus lui-même lorsque, sur la croix, en proie à des souffrances extrêmes, il s’est écrié « Père pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Il a choisi de pardonner et insister pour que Dieu lui-même pardonne aux hommes leurs offenses. Lui, il était la victime innocente par excellence.

4- Le pardon est une décision

Beaucoup d’entre vous jonglent avec l’idée de pardonner parfois depuis des mois et des années, mais vous ne vous décidez pas à passer à l’action. Vous réfléchissez au concept. Vous contemplez la possibilité de pardonner, mais vous ne pardonnez pas.

Vous savez lorsque j’étais enfant et que j’étais malade, ma mère m’obligeait parfois à avaler une cuillère d’huile de foie de morue. Beurk ! Je me souviens encore des haut-le-cœur que cela m’occasionnait. « C’est bon pour ta santé » me répétait ma mère. Je me disais en moi-même : « Comment quelque chose d’aussi mauvais peut-il me faire du bien ? »  J’imagine parfois le pardon comme un médicament de mauvais goût. On n’est pas du tout sûr que cela nous fera du bien, donc nous refusons de le prendre. Pensez-y quelques instants ! Et si le pardon était le remède à toute votre douleur et votre souffrance ? S’il était l’antidote à votre mal de vivre ? Vous souffrez depuis toutes ces années et le médicament est à votre portée. Pourquoi ne pas l’essayer ? Qu’avez-vous à perdre ? Quoi d’autre que le mieux-être peut-il en résulter ? Croyez-vous sincèrement que le pardon va rendre votre condition pire qu’elle est actuellement ?

« Nous commençons à pardonner en choisissant de pardonner. En décidant, non en ressentant. Nos sentiments ne nous conduisent pas à pardonner. La plupart du temps, nos sentiments nous conduisent en sens inverse. C’est pourquoi une personne doit décider de pardonner d’abord. Nos sentiments suivent toujours nos décisions. » Andy Andrews

5- Le pardon est un une expérience continue

Peut-être avez-vous pris la décision de pardonner. De plus, vous l’avez clamé haut et fort : « Ah mais tu sais, je lui ai pardonné… ! ». À l’origine, votre intention était honnête, sincère avec la certitude que vous aviez bel et bien pardonné à la personne qui vous avait blessée. Et voilà que vous la rencontrez à nouveau et tout à coup le flot d’amertume et de ressentiment, ajouté à la douleur, ressurgit au-dedans de vous.

Dans ces moments, a-t-on réellement pardonné ? Était-ce sincère ? Très souvent la volonté et le désir de pardonner étaient originellement authentiques. Mais, gardons à l’esprit que le pardon n’est pas un antidote que nous nous inoculons une seule fois et nous voilà guéri. Il s’agit davantage de traitement qui doit être répété jusqu’au rétablissement final. Il faut savoir que toute la souffrance occasionnée ne partira pas du jour au lendemain du fait que nous avons accepté de pardonner. Le processus de guérison est entamé et Dieu saura et pourra effacer l’offense avec le temps.

Alors, pourquoi devriez-vous lui pardonner ? Bien simplement pour que votre vie reprenne son cours. Arr^tes de contempler le pardon et passez à l’action. Non seulement vous ne le regretterez pas, mais vous en expérimenterez pour vous-mêmes les effets libérateurs.

4 réponses
  1. Evelyne
    Evelyne dit :

    Ce texte oublie quelque chose d’important: le (vrai) pardon est DIVIN. C’est un processus opéré par l’Esprit St qui prend place quand nous manifestons notre volonté de pardonner. En tant qu’humains, tout ce que nous faisons dans cette démarche, c’est dire “je veux pardonner, oui, je le veux.” Le reste, c’est Dieu qui le fait. Beaucoup de gens se leurrent ou aiment tromper les autres en faisant croire, qu’ils ont pardonné librement et facilement, du jour au lendemain, un geste vil à leur égard. De grâce, ne viens pas me faire croire que tu as pardonné (le vrai pardon comme celui que Dieu nous accorde) à ton violeur ou au meurtrier de ton enfant, comme ça aisément, par tes propres forces ou l’aide de ton coach. Peut-être que tu n’en es pas conscience mais Dieu a travaillé en toi.

    Pardonner libère aussi car ça rompt définitivement tout lien d’une quelconque nature avec l’offenseur (si l’on ne se voit pas avoir cette personne de nouveau dans notre vie). C’est vraiment: “À présent, plus rien ne nous lie, même pas la dette que tu avais mon égard.”

  2. Patrick
    Patrick dit :

    Super, le pardon est véritablement une puissance qui libère. Le premier prisonnier est souvent celui qui refuse de pardonner. Ce que nous ne pouvons faire par nos forces, en contemplant la croix et sonder les raisons qui ont pousser Jésus dessus, nous comprendrons peut t’être que nous avons toutes les raisons de pardonner aussi.

  3. Benoît Gilbert
    Benoît Gilbert dit :

    Ahhhhh,qu’elle grande vérité avec tant de difficultés.
    Y a t’il des outils pour ce processus???
    Que nôtre Dieu étende sa grâce sur son peuple pour qu en cela nous soyons SA lumière.
    Soit bénit mon frère !!!
    Benoit

  4. Eglise_Agen
    Eglise_Agen dit :

    Le pardon est certainement le plus beau geste, le don qui transforme des vies ; pourtant, c’est ce qui manque peut-être le plus à notre société malade, autant au niveau spirituel (avec Dieu) que relationnel (avec les autres).

    Mais la question est de savoir à quel prix est accordé le pardon ? « Comme Christ vous a pardonné, pardonnez-vous aussi » (Colossiens 3v13). Oh quel prix !!! Christ m’a pardonné malgré tout ce que j’ai fait. C’est lui qui donne l’exemple !

    extrait d’une méditation trouvée ici : http://agen.umc-europe.org/eglise/colossiens-3v13-le-pardon-a-quel-prix/

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