Qu’est-ce que la résilience?
Depuis le début de la pandémie, on parle de la résilience. Mais de quoi s’agit’il ?
Depuis bientôt 2 mois que la pandémie a frappé avec force et que nous nous sommes retrouvés en confinement. Plusieurs personnes se posent la question de ce que sera la vie après cette catastrophe. On entend partout chez les chefs d’État, les psychologues, les prédicateurs qu’il faut être résilients. Mais au fait, qu’est-ce que la résilience ?
Dans un premier temps, la résilience est un terme emprunté originellement à la physique et à l’ingénierie pour désigner la résistance d’un matériau face aux chocs. Dans un second temps, le terme a évolué pour expliquer la capacité d’un organisme ou d’une structure à surmonter une altération ou une détérioration.
Chez les humains, la notion de résilience fait appel à la capacité d’une personne à rebondir après une expérience traumatique et à se reconstruire. L’utilisation de l’expression « vous devez être résilient » constitue un mauvais usage de la notion de résilience. Ceux qui l’utilisent confondent résistance et résilience. De plus, « vous devez être résilient » fait allusion au fait de rebondir. Aussi à la suite de la pandémie, vous devrez rebondir. C’est le conseil donné.
Bien entendu, les choses ne sont pas aussi simples. Les expériences douloureuses et traumatiques de la vie résistent aux mots d’encouragement et aux paroles motivatrices. Pourquoi ? Parce que l’impact d’une catastrophe ou d’une situation dramatique nous met souvent K.O. Knock-Out signifie que l’on est au tapis après avoir perdu connaissance ou conscience. Pour se relever, il faut émerger de cet état d’inconscience.
Boris Cyrulnik, le réputé psychiatre français, est celui qui a le mieux expliqué et popularisé le terme résilience dans nos milieux francophones. Il explique que la résilience n’est pas un trait de caractère, mais un processus. Comme tout processus, il peut ne pas s’enclencher. Dans le meilleur des cas, il peut se déclencher et amener une personne à retrouver une vie normale, mais différente. En d’autres cas, il peut aussi s’arrêter et stopper le nouveau développement.
On parle de résilience lorsqu’une personne reprend un nouveau développement après une expérience traumatique. Boris Cyrulnik
Oui, la vie peut reprendre son cours après une épreuve. Mais, elle ne sera plus jamais comme auparavant. Elle peut être encore meilleure si nous découvrons les facteurs qui favorisent la résilience. En voici quelques-uns que je vous transmets sous forme de conseils :
1- N’hésitez pas à chercher du soutien
Le plus grand facteur de résilience est le soutien des autres. La résilience n’est pas le fait de super héros qui triomphent seuls de tout, mais de gens qui sont bien entourés. Les personnes qui dans leur enfance ont eu des parents attentionnés, présents affectivement auprès d’eux ont déjà un sérieux avantage sur ceux qui viennent de milieux moins nourriciers. Ils ont une base affective solide qui leur permettra de passer plus facilement au travers des situations difficiles. Dans le cas contraire, il faut savoir s’entourer et chercher l’aide nécessaire et le soutien approprié. Les autres deviennent ce qu’on appelle un tuteur de résilience. Un peu comme un tuteur que l’on place près d’une plante pour l’aider à croître droitement.
2- Trouvez un sens nouveau
Même si nous savons que la vie ne sera plus pareille, nous n’avons pas idée de ce à quoi elle ressemblera. Il faut pouvoir revoir nos buts et objectifs et mettre à jour nos rêves et nos aspirations. Le problème dans la vie moderne provient du fait que nous avons l’impression d’avoir le contrôle sur tout. C’est une illusion bien sûr. Quand arrive un coup dur, on se retrouve donc avec un sentiment d’impuissance.
Lorsque j’ai été éprouvé grandement dans le passé par la maladie et le décès de ma première femme, la mère de mes enfants. La question qui m’a été le plus posée était : « Quel sens donnez-vous à ce qui vous est arrivé ? » Parce que je suis pasteur, les gens s’attendaient à une réponse du type « Dieu m’a révélé que… » En réalité, il n’y a pas de réponse simple et universelle à ce genre de question. Il n’y a qu’une réponse individuelle qui survient par un cheminement personnel et spirituel. C’est à nous de retrouver un sens et une direction. Les gens résilients ont trouvé un nouveau sens à leur vie bousculée. Parfois ce sens s’inscrit dans une continuité et en d’autres occasions, la personne change de direction pour en arriver à s’épanouir davantage.
3- Poursuivez le chemin
On ne peut pas s’arrêter et on ne doit pas s’arrêter ! Il faut décider d’avancer et de poursuivre notre route. L’espoir nous pousse vers l’avant pour ainsi nous distancer du désespoir. La notion de « chemin » constitue une métaphore puissante du changement possible. Le chemin est le symbole du processus et de la progression, du cheminement et de l’avancement. On chemine intérieurement pour mieux avancer extérieurement. Les gens qui s’en sortent ont choisi de ne pas rester sur place lorsque leur vie stagne.
« … resserré le chemin qui mène à la vie, et il y en a peu qui le trouve. » Jésus dans Matthieu 7/14
Il y a un chemin de sortie, mais il est étroit et resserré. Certains le trouvent et d’autres difficilement.
4- Refusez la fatalité
La grande force du christianisme est le refus de la fatalité. Il faut résister à tous ces gens qui nous entourent et qui proposent ce que j’appelle une théologie passive : Dieu l’a voulu ainsi et l’on ne peut rien y changer. Je me suis souvent posé la question de ce qui se cachait derrière le fatalisme de certains. Ma conclusion ? La peur de la vie. Un refus de combattre parce qu’on se sent trop faible. Cependant, affronter la vie et ses défis est la meilleure façon de grandir et de devenir ce que nous devons être. La vie est faite pour être vécue.
« La vie ne devient pas plus facile ou plus indulgente, c’est nous qui devenons plus forts et plus résistants. »
5- Restez positif et réaliste
L’histoire de l’humanité est parsemée de drames et de dénouements, de catastrophe et de rebondissement, de temps de guerre. Il est vrai, mais, aussi de paix. Je vous donne un exemple frappant : la grippe espagnole. Cette pandémie s’est répandue de 1918 à 1919. Selon l’Institut Pasteur, elle aurait fait entre 20 et 50 millions de victimes dont 2,3 millions, en Europe. Probablement 500 millions de personnes infectées. Difficile d’imaginer un tel drame s’il se produisait aujourd’hui. Mais, encore une fois, l’humanité s’en est sortie. Bien sûr, il y a des millions de morts et de famille en deuil. Mais la vie a aussi repris son cours et vous et moi sommes là.
Je ne dirai pas que nous avons toutes les raisons d’être optimistes. Il y a tellement de victimes et de dommages collatéraux. Je vais davantage insister sur le fait que nous ne devons pas succomber au pessimisme. Cela ne nous servirait à rien. Rester positif, ce n’est pas jouer à l’autruche, mais de poser un regard plus constructif sur les circonstances de la vie. Être réaliste, c’est être lucide et ne pas se bercer d’illusions. Mais c’est aussi croire que les miracles, si petits soient-ils parfois, demeurent possibles.